Un lieu chargé d'histoire

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Les Cisterciens

Contemplatifs et travailleurs à la terre, les moines cisterciens envoyés par St Bernard à la demande de l'Evêque de Soissons ont trouvé à Longpont un site conforme à leurs vœux et leur règle : retiré et bien pourvu en eau, entouré de bois, où il y avait tout à faire pour développer la fondation.

Grâce à d'importantes donations les cisterciens ont pu défricher rapidement de grands espaces et construire grandement, transformant ainsi la région par leur activité agricole.

La marque des cisterciens se retrouve encore dans le paysage soissonnais où les grandes exploitations ont souvent conservé les structures des anciennes fermes cisterciennes, les "granges", avec plusieurs centaines d'hectares autour et certains bâtiments encore visibles.

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L'Abbaye de Longpont a cultivé dès le 14ème siècle jusqu'à 10 000 ha dans la région, avec des terres et même des vignes, jusqu'à St Quentin (60 km).

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Si les cisterciens ont quitté Longpont et bien d'autres belles abbayes de France, ils sont toujours nombreux dans le monde, plus connus chez nous comme "trappistes".

L'Abbaye de Cîteaux a fêté en 1998 le neuvième centenaire de sa fondation avec une communauté en plein développement (les martyrs de Thibérine en venaient).

Les nouvelles abbayes cisterciennes se trouvent aussi bien au Japon qu'aux U.S.A., ou en Europe où des moines tchèques ont fondé en 2001 une abbaye nouvelle au cœur de la Bohème d'où ils avaient été chassés au 18ème siècle.

C'est ainsi que Longpont a pu commémorer le bicentenaire de 1793 en présence d'une trentaine de cisterciens américains dont cinq Abbés en route pour leur chapitre général à Cîteaux!

Historique de la famille Montesquiou, de la Gascogne au Valois en dix siècles. 

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Les racines de la Maison de Montesquiou-Fezensac sont bien en Gascogne, et la branche aînée y est toujours implantée dans le Gers.

Déjà au temps de Louis XIII ceux de la branche d'Artagnan sont " montés " à Paris faute de ressources au pays, et plusieurs ont débuté dans le corps des mousquetaires du Roi.

L'un de ces Montesquiou d'Artagnan, comme ils s'appelaient jusqu' à la fin du 18ème siècle, est le grand-père maternel du héros de Dumas, il a effectivement servi Louis XIV sous ce nom.

Ainsi dès le 17ème siècle on trouvait des membres de la famille établis à demeure près de Paris. Sous Louis XVI le Marquis de Montesquiou s'était fait construire par l'architecte Ledoux un château à Maupertuis, près de Coulommiers, malheureusement détruit à la Révolution.

Le fils du Marquis de Montesquiou, n'ayant donc plus de demeure et venant chasser dans la région de Soissons, a découvert Longpont vide et disponible et l'a racheté en 1804, peu après le Concordat … sa postérité à la sixième génération a entamé le 3ème siècle de la famille de Montesquiou dans ces lieux.

Historique de l'Abbaye, le temps des moines

Longpont est une Abbaye Cistercienne, fille de Clairvaux, fondée en 1131 par St Bernard, dans une vallée marécageuse en bordure de la forêt de Retz, dans le diocèse de Soissons et ruinée par la Révolution en 1793.

Abbaye de Longpont1131 - 1793 Les premiers bâtiments ont été remplacés dès la fin du XIIème siècle par les constructions dont une partie a été conservée jusqu'à nos jours ; ainsi la grande Abbatiale gothique dont la façade se dresse encore à 40 m de haut, avec sa rosace vide ouvrant sur les arbres, a été bâtie en une trentaine d'années au début du XIIIème. Cette église, qui avait la taille de la Cathédrale de Soissons, était déjà terminée en 1227, date de sa consécration en présence de Saint Louis revenant de Reims après son sacre.

Les bâtiments du monastère pouvaient loger plusieurs centaines de moines, mais aussi les nombreux frères convers qui cultivaient les terres et revenaient à Longpont en fin de semaine pour les offices dominicaux.

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L'Abbaye a souvent été endommagée au cours des 15ème et 16ème siècles par les bandes armées ravageant la région (Bourguignons, Huguenots…).

A partir de François 1er, le régime de la commende a profondément modifié son évolution.

En effet, les "Abbés Commendataires" étaient des prélats, non moines, à qui le Roi de France donnait les bénéfices de l'Abbaye en laissant à un prieur la charge de la communauté des moines. Ces abbés ont alors transformé une partie des bâtiments en Palais Abbatial et les grands balcons de fer forgé ainsi que le vestibule avec son bel escalier témoignent encore des splendeurs de cette époque.

La révolution a décrété la nationalisation des biens de l'Eglise. Les derniers moines ont quitté l'Abbaye en 1793 et tout a été vendu par adjudication.

L'église Abbatiale a été aussitôt mise en démolition, dans le but de détruire le symbole religieux, et exploitée en carrière de pierre … il a fallu près de 40 ans pour la réduire à l'état de "ruines majestueuses", soit plus de temps que pour la construire au Moyen Age.

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Chronologie

Avant 1100
Site animé à l’époque gallo-romaine, et revenu à l’état sauvage.

La Fondation

1132
Saint Bernard envoie 12 moines sous la conduite du prieur de Clairvaux, fonder une abbaye cistercienne à Longpont. 1ère messe célébrée à Pâques 1132.
1133
Le Roi de France Louis VI le Gros, de passage à Soissons, confirme la fondation.
1141
Le Pape Innocent II prend l’abbaye sous sa protection.
2ème moitié du XIIème s.
L’abbaye agrandit son domaine et bénéficie d’importantes donations, ce qui permet d’entreprendre de grandes constructions.

Les Constructions Gothiques

1190-1200
Commencement de la grande église abbatiale
1217
Mort du Bienheureux Jean de Montmirail
24 oct. 1227
Consécration de l’abbatiale gothique en présence du jeune roi Louis IX et de Blanche de Castille
1356
Pillage par les Anglais
1414
Pillage par les Bourguignons
1520
Institution de la Commende
1568
Pillage par les Calvinistes
1605
Les moines se réinstallent à Longpont et reconstruisent
1724
Incendie détruisant les 2/3 des bâtiments – restauration dans le style du XVIIIème s.

XVIIIème siècle – rénovation – Aménagement du palais abbatial

1793
Vente en adjudication comme bien national des bâtiments et de l’église

Départ des cisterciens – début de la destruction de l’Abbatiale.

1802
Vente des bâtiments seuls à l’abbé de Maussac
1804
Revente de ces bâtiments au Comte Henri de Montesquiou

XIXème s. – Bâtiments et Palais Abbatial – demeure privée des Montesquiou

1831
Rachat des ruines de l’Abbatiale par le Comte de Montesquiou et arrêt de sa destruction
1918
Incendie des bâtiments par les Allemands – L’abbatiale est endommagée par des bombes
1920-1930
Reconstruction d’une partie des bâtiments
1940
L’Abbaye est atteinte par les bombardements
2000
Poursuite de la réparation des dommages de 1918 par le Comte Anne-Pierre de Montesquiou

Depuis la révolution

Alors que l'église était vendue à une entreprise chargée de la détruire tout en en tirant profit, les bâtiments étaient conservés et revendus plusieurs fois. Ils ont finalement été rachetés en 1804 par le Comte Henri de Montesquiou, dont la famille continue à les entretenir.

L'avant dernier acquéreur était un prêtre nommé curé de Longpont après le concordat de 1801, qui avait dû découper une partie de l'ancien cellier gothique pour y installer son église et y assurer la pérennité du culte catholique ; ainsi l'actuelle église paroissiale de Longpont se trouve toujours incluse dans ce bâtiment devenu demeure privée.

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Les bâtiments, déjà aménagés en palais abbatial au 18ème siècle par les abbés commendataires, ont alors été repris comme "château" dès le début du 19ème siècle.

Ils sont ainsi restés seulement 10 ans à l'abandon, mais sans avoir subi aucune affectation utilitaire qui les aurait dénaturés.

Ceci a permis d'en conserver les constructions et le décor, contrairement à tant d'autres abbayes transformées en manufactures ou en prisons.

Le parc " à l'anglaise " aménagé dans la vallée a été dessiné au milieu du 19ème, dans le cadre où déjà les moines avaient des herbages et des pièces d'eau.

De grands arbres remplacent maintenant les contreforts de l'abbatiale ruinée pour mettre en valeur les pierres toujours debout.

Aujourd'hui, les Montesquiou continuent à entretenir ces lieux et à consolider fidèlement ces murs chargés d'histoire.